Monday, March 30, 2009

Maman

Je n'en ai jamais parlé, mais maintenant il faut que je le fasse.

J'ai tellement de peine et d'inquiétude pour ma mère!

Mes parents ont été mariés 24 ans et ce n'est pas la discorde qui les a séparé. Mes parents me ressemblaient beaucoup, c'était des complices, des trippeux de bébelles, des passionnés de la vie. Ils n'étaient pas toujours d'accord sur tout, mais trouvaient toujours un compromis. Je suis enfant unique et ils m'ont donné absolument tout ce qu'un enfant puisse vouloir, m'endurant fin de semaine après fin de semaine jouer de tous les instruments de musique possible dans toute la maison.

Mon père est décédé de la maladie depuis presque 12 ans maintenant. Ma mère et moi sommes très proches, mais je suis souvent impatiente avec elle. Tellement que je m'en veux, j'en suis méchante. Son haut de degré de nervosité me met à bout de nerfs et me rend impatiente. Et puis, elle parle tout le temps, et je ne suis pas habituée à ça, j'ai besoin du silence quelques fois. Il m'arrive trop souvent d'être si bête avec elle parce qu'elle s'en fait pour rien, ou elle me raconte en long et en large des détails que je n'ai pas besoin de savoir. Je sais que tout ce qu'elle cherche dans le fond, c'est passer le plus de temps possible avec moi, avec tout ce qui lui reste. Moi. Parce que moi, sa fille unique, je suis plus importante que tout dans sa vie et je suis le souvenir vivant des meilleures années qu'elle a vécu dans sa vie.

Moi, heureuse, en couple, avec ma maison, ma moto, mes bébelles, mes projets, la vie devant moi, j'ose lui dire que je n'ai pas de temps pour elle alors qu'ils ont toujours été tous les deux tellement là pour moi. Je suis lâche!

Depuis 12 ans, elle continue. Continue de s'occuper de la maison toute seule, rénover, réparer, entretenir l'immense terrain, l'immense garage. Elle se convainc qu'elle n'a pas peur des malfaisants du coin qui font des mauvais coups, des voleurs, de vivre toute seule dans cette campagne éloignée. Vraiment, chapeau. Même si ça n'y changera rien, j'imagine souvent ce que serait sa vie, leur vie, si mon père était toujours là. J'espère qu'ils profiteraient de leur retraite, heureux.

La semaine dernière, elle a vécu quelque chose de vraiment déplaisant. Vous savez ces fameux thermostats programmables recommandés de toute part parce qu'ils nous font sauver de l'énergie? Ben ce foutu thermostat, il a foutu le feu chez elle! Une petite défectuosité et hop, quand elle est sortie de la douche, le mur flambait! Ce fut le choc et la panique totale pour elle qui a vu flamber 3 maisons quand elle était jeune. Elle a eu de la chance, elle a toute suite fermé le breaker et le feu s'est presque arrêté. Les pompiers ont enlevé les thermostats et elle est venue dormir chez nous en attendant qu'on aille lui poser les nouveau. Une chance d'ailleurs, parce qu'on ne lui a pas dit mais il y en a un qui avait commencé à brûler aussi, tout noir en dessous du cap en plastique. Pourtant, c'était 3 thermostats approuvé CSA, faisant partie de la liste d'HQ.

Dimanche, en changeant le thermostat de sa chambre, j'ai regardé le livre qu'elle est en train de lire. Et j'y ai découvert son signet, une photo de mon père quand il était enfant, assis sur le capot d'une vieille voiture. Et puis, soudainement, j'ai eu envie de pleurer, envie qui ne m'a pas quitté depuis. Le destin lui a imposé de continuer sa vie sans lui, mais elle la continue tout de même avec lui, dans son coeur et sa tête, même après tout ce temps. Je ne cesse d'y penser. Moi qui m'en fait quand elle chambarde ma petite vie trop bien remplie et mon horaire chargé, je suis tellement égoiste. Ma chère maman, elle, compose avec un coeur vide depuis 12 ans, un coeur qu'on a prématurément amputé de sa tendre moitié, qui tente de revivre ce bonheur mais qui ne l'a jamais retrouvé et qui l'oublie enfin lorsqu'on fini par passer un peu de temps ensemble, son plus grand bonheur depuis 12 ans.

Il ne faut pas se leurrer, elle a fait son deuil et ne vit pas dans les pleurs et la peine à longueur de journée. Mais l'amour de sa vie est et restera dans son coeur pour toujours.
Je suis passé le voir au cimetière hier, le remercier pour tout, mais surtout lui demander de veiller sur elle qui en a tant besoin.

Soudainement, je n'ai plus envie de penser à moi. Plus envie de faire passer mon horaire chargé avant elle. Je veux prendre soin d'elle et être là quand elle a besoin de moi, comme mon père l'aurait fait si il n'était pas parti.

Je t'admire maman, et je t'aime, tellement.

2 comments:

Josie said...

Oh Bi! C'est tellement touchant!

J'espère que tu lui as dit, tous ces beaux mots, à ta petite maman. Elle le mérite.
xxx

Sandra said...

Ce que tu as écris me touche énormément... Je te remercie d'avoir partagé cela ! :o)